Ces 2 petits articles pour en savoir un peu plus sur le dojo ou le salut.
Le
dojo: temple ou salle de sport?
Par
Pascal Krieger, Menkyo Kaiden Shindo Muso Ryu
Si vous avez visité
plusieurs dojos, et dans des pays différents, vous n'aurez pas manqué de noter
que certaines salles se rapprochent d'un lieu de culte, alors que d'autres
présentent tous les aspects d'une cour de récréation. Dans un cas comme dans
l'autre, l'exagération n'est pas souhaitable. D'un lieu de culte, le dojo ne
devrait prendre que la notion de respect du lieu. Un dojo est un endroit de
recherche de soi-même, d'expériences et d'étude des valeurs humaines. Il est
normal qu'une certaine éthique soit de mise. Ceci dit, c'est aussi un lieu de
vie. La fantaisie, l'humour, bref, l'expression de diverses émotions humaines y
sont souhaitables, sans pour autant tomber dans une ambiance de foire. Tout est
une affaire de dosage. Un dojo doit respirer la joie, l'enthousiasme. Les airs
pincés de certains pratiquants nuisent à la réputation de leur dojo.
Tenons-nous aux choses simples et
évidentes: une certaine discipline personnelle, une hygiène corporelle (Keikogi
propre, ongles coupés), un vocabulaire contrôlé (respect de l'adversaire et du
lieu), une attitude de travail positive (respect de l'enseignant - personne ne
vous oblige à venir), aide aux débutants (il fut un temps où ...). Requérir ces
qualités n'est pas excessif, nous semble-t-il. Finalement, notons encore que le dojo est une représentation symbolique du monde, avec ses points cardinaux (à l'est, le shômen (mur d'honneur) ou kamiza au sud, le jôseki (mur des enseignants/anciens), à l'ouest, le shimoza (mur où devrait se trouver l'entrée - également place des élèves) et au nord, le shimoseki, le mur des débutants. Même si la salle ne se prête pas à cet arrangement, la séquence devrait rester la même. Cette notion géographique encourage le pratiquant à se situer dans un lieu et à ne pas se placer, inconsciemment, n'importe où.
Et il en va de même dans la vie...
Rei ! Le salut : prosternation
religieuse ou simple marque de respect?
Par Pascal Krieger,
Menkyo Kaiden Shindo Muso Ryu
La position
seiza (à genoux, assis sur les talons) et le salut en se prosternant devant un
idéogramme peuvent gêner certains néophytes. Il est important que les
enseignants expliquent aux débutants le sens du salut. En Asie, cette forme de
salut est commune et n'a rien à voir avec la religion. Alors que nous adoptons
une tenue vestimentaire asiatique en pratiquant un art venu précisément de
cette partie du globe, il paraît cohérent que l'étiquette ait les mêmes
origines. Le salut, avant tout, est une courte phase de transition entre les
activités quotidiennes et l'activité plus intériorisée qu'est la pratique d'un
budô. Une sorte de prise de conscience de l'endroit et de la nature de
l'activité à laquelle nous allons nous consacrer pendant près de deux heures.
Le premier
salut devrait être Shômen ni Rei ! Le salut au mur d'honneur qui est, chez
nous, orné de l'idéogramme Dô: la Voie,
commune à toutes les disciplines de notre club**. Le second salut, Sensei ni Rei
! peut s'adresser à l'enseignant quand il est en face. Il peut également
s'adresser, pour chacun, à qui bon lui semble. Cela peut être un maître décédé,
ses propres parents, ou la personne à qui le pratiquant choisit de dédier son
entraînement. Puis, lorsque le
pratiquant se place devant un adversaire/partenaire, un troisième salut à ce
dernier est de mise. Ce dernier salut peut signifier: Merci de bien vouloir
travailler avec moi, nous allons ensemble essayer de progresser et nous avons,
pour cela, besoin l'un de l'autre.
Les mêmes
saluts devraient être répétés, dans le même ordre ou à l'inverse, en fin
d'entraînement. Ces diverses marques de respect ne sont pas de trop à une
époque où les civilités sont réduites à un minimum.
** En Aïkido il s'agit de la représentation de Morihei UESHIBA (photo, portrait...), fondateur de l'Aïkido