lundi 6 février 2012

LE MAITRE





Comment donc sélectionner le maître






Nous dirons que le plus important est en
1. La personnalité du maître; en effet, l'Aïkido va agir sur le corps et sur l'esprit. Si le maître est pur, humble, épanoui, rayonnant, l'Aïkido enseigné par un tel maître, la technique de ce maître seront le reflet de cette personnalité.
Une bonne technique, de bonnes explications, à travers l'enseignement se découvre le maître.
2. Nous trouvons une longue pratique technique, spirituelle, une grande expérience.
3. Une grande capacité d'enseignement, un enseignement juste, agréable, une bonne pédagogie. Tout cela est excellent pour les élèves.
4. Apparaît une autre considération. Il est
très important que chaque jour l'homme progresse; je veux dire que chaque jour
l'homme, le maître lui-même pratique et cherche.
Croire être un grand maître et par conséquent ne pas avoir besoin de travailler, condamne l'homme. Ce maître ne présente pas d'intérêt, il vaut mieux ne pas le suivre.
Tels sont les critères du choix.
Continuons.
Je crois cependant qu'un jeune professeur qui n'est pas encore techniquement ou pédagogiquement parfait et dont l'expérience n'est pas encore complète, mais qui travaille et qui s'efforce de découvrir, d'aller plus loin, je crois que ce jeune professeur est digne d'intérêt et qu'il est possible avec lui d'aller ensemble.
Surtout ne vous déterminez pas parce que la salle est moderne, que les toilettes sont bien installées, que le cadre est agréable, que les cotisations ne sont pas élevées, que ce n'est pas loin de chez vous; évitez les facilités matérielles. Si vous considérez que l'Aïkido est la vie, si vous mesurez la vie à ces critères, par cette façon d'agir vous manquez de respect envers vous-même. Dites-vous bien :
si je me décide à aller.sur cette voie, il faut que j'aille jusqu'au bout, sinon il est inutile de commencer.
Autrefois, dans les anciens dojos du Japon, quand vous faisiez NYUMON, vous scelliez votre engagement avec votre sang, vous juriez de ne jamais aller contre votre maître.
Plutôt qu'entraînement, nous aurons donc à fortifier, discipliner, chauffer, laisser refroidir, puis frapper, changer la forme, donner une forme. Si vous voulez entraînement, mais un entraînement très dur.
RENMA - REN - PETRIR, MA - POLIR
Comme avec le diamant ou avec la lime.
D'abord la gangue, puis le diamant et enfin le polissage dans ce sens.
Ajoutez encore à TANREN ou RENMA cette notion que nous pousse à faire 100 fois ce qu'une personne fait 10 fois, mille fois ce qui est fait 100 fois, etc...
L'ensemble de ce travail est KEIKO.
Mais le sens originel de KEIKO est réfléchir, penser, méditer, sur les traditions, l'ancien temps, l'ancienne époque, sur les choses anciennes l'éducation d'alors, les arts, l'art martial, les créateurs des écoles. Ces créateurs qui jour et nuit ont travaillé, ont pratiqué. Dans le cas de l'art martial, ont dépassé la notion de vie et de mort.
C'est prendre leur technique ou ce qui est parvenu jusqu'à nous, soit kata, soit technique, il reste quelque chose de toute manière, et avec cette méthode, ou cette forme, répéter, répéter pour comprendre avec le corps,
pour arriver au même niveau, au même état que le créateur.
Ainsi faire s'appelle KEIKO.
L'Indien, pêcheur, peut, avec ses yeux, voir au loin une chose qu'une autre personne ne peut découvrir qu'avec des jumelles. Ainsi le créateur voit ce qui pour nous est invisible.
Plusieurs années de travail nous sont nécessaires pour voir à notre tour ce que vit le créateur. Les petits détails, jugés sans importance doivent être retenus, ne les laissez jamais s'échapper. Un petit geste, un petit mouvement renferment l'Essence. Le
«secret» est dedans. GOKUI.
Donc il est important dans le KEIKO, surtout pour le jeune pratiquant, d'étudier le passé, comprendre ce qui se faisait, et conserver ces méthodes de travail.
Il est préférable d'être sévère que trop complaisant. C'est la véritable éducation.
Au Japon, nous avons un proverbe qui dit: pour comprendre les nouvelles choses, il faut cultiver les choses anciennes (garder chaudes, garder présentes). Je vous demande de
réfléchir à cela.
Nous avons actuellement beaucoup d'arts martiaux nouveaux qui fleurissent, ce qui n'est certainement pas normal; un peu comme après la pluie poussent les bourgeons.
A l'Aïkikai, quand j'ai fait NYUMON, à cette époque, on ne jurait plus sur le sang, mais il était nécessaire d'avoir deux parrains, deux personnes qui se portaient garantes pour vous...
Ainsi on devenait élève et alors commençait KEIKO.
Mais avant d'aborder KEIKO, je voudrais parler de l'endroit où se fait KEIKO, c'est-à-dire du Dojo.
Dojo signifie endroit, place où se font les exercices dans la voie, sur le chemin du BOUANA.
L'endroit où se pratique l'art martial porte le même nom (SHUGYO). SHUGYO ne veut pas seulement dire exercice ou entraînement, mais développement de la personnalité, art de vivre noblement, en haut, en accord avec.
Le dojo n'est donc pas uniquement un gymnase, il peut être une église et un gymnase à la fois, ensemble, unifiés.
C'est pourquoi depuis l'origine jusqu'à nos jours, il y a un autel dans les dojos du Japon, au Kamiza, et à l'autel, il y a le dieu des arts martiaux.
Dans le dojo, l'homme qui fait des arts martiaux, qui s'adonne aux arts martiaux, pratique pour son développement profond, pour affirmer sa personnalité de samourai, ses capacités aussi, son esprit, son courage, sa force d'âme. C'est aussi pourquoi, dans le dojo, on doit rencontrer la courtoisie, la politesse, la bonne tenue, pourquoi on doit observer les règles des bonnes manières.
Pour entrer dans le dojo, il faut se découvrir, ôter ses chaussures, avoir une attitude respectueuse (concentrée), le corps droit, une attitude correcte afin de pouvoir orienter ses pensées vers la pureté, la clarté; dans le dojo, il faut toujours être propre, respecter l'étiquette, tenir et avoir des propos corrects, être digne, éviter de parler à haute voix.
De même, il doit en être ainsi pour ceux qui regardent (spectateurs).
Le keikogi, l'hakama ne doivent pas, de quelque manière que ce soit, indisposer les autres. C'est important.
Ne pas oublier non plus l'air frais, l'aération, ne pas oublier de bien caler les tatamis pour éviter les accidents
Normalement, le débutant arrive avant, plus tôt que l'ancien, et soit avant ou après l’exercice, il nettoie le dojo, remet les choses en place. Ce nettoyage ne concerne pas seulement le dojo, mais il concerne le débutant lui-même, pour un nettoyage en soi profondément. C'est un support. Ce qui veut dire que même si le dojo paraît propre, il faut continuer à le nettoyer encore.
Quand vous pratiquez, il ne faut pas vous croire dans un dojo mais sur une place de vrai combat, un champ de bataille, ce qui veut dire que vous ne pouvez, à aucun instant, être vide de ki. Comment expliquer: être attentif, éveillé, prêt, percevoir, sentir, contrôler, avoir en somme la même attitude que dans la bataille où l'on doit dépasser l'état de vie ou de mort, à un tel point que même mort à 90 %, vous devez dans cette situation pouvoir donner ordre à votre cœur de ne pas abandonner.
C'est la voie,' la vraie. Car en agissant ainsi, en continuant, vous trouvez peut-être la vie dans les 10 % qui restent. Et ce faisant, vous vous avancerez, cela est certain, dans le véritable développement de l'être, et c'est cela l'important.
En quittant le dojo, il faut avoir la même attitude qu'en y entrant. Cette attitude est à la fois un remerciement pour le cours que l'on vient de vous donner et un examen pour vous-même, une réflexion sur ce qui vient de passer par rapport à vous-même et une préparation pour le lendemain.
Maintenant, après avoir parlé du Dojo et de l'attitude à respecter dans le Dojo, abordons KEIKO.
Pour les Européens, KEIKO signifie, ou a été traduit par EXERCICE — ENTRAINEMENT.
Pour nous Japonais, KEIKO globalement contient RENSYU — TANREN ou RENMA.
REN de RENSYU veut dire PETRIR. SYU : APPRENDRE. Donc apprendre en pétrissant. Plutôt qu'exercice donc REPETITION, REPETITION, REPETITION...
TAN de TANREN, pour le forgeron, le fabricant de KATANA, c'est marteler le fer et aussi le tremper. REN, je vous le rappelle PETRIR.
Travaillez donc les techniques qui restent; celles qui nous ont été léguées; par cette pratique et à cause de cette pratique, notre corps et notre esprit seront plus solides.
Nous connaîtrons la voie. C'est ça KEIKO.
Poursuivons. Avant le KEIKO, vous vous lavez les mains et les pieds. Vous vous coupez les ongles. Votre KEIKOGI est propre; si déchiré, il est réparé. Ce KEIKOGI est porté correctement.
Cela constitue une préparation du corps et de l’esprit, par le respect de ces menus détails vous êtes déjà concentré, axé sur, préparé à.
Etre ainsi dans le Dojo pendant la pratique s appelle DOJOKEIKO: même esprit, même sens dans le travail, être à l'extérieur comme dans la bataille YAGAI KEIKO.
La période d’entraînement d'une semaine ou de dix jours, aux plus grands froids de l’hiver, s'appelle KANGEIKO; durant la période la plus chaude de l'été. SOCHUGEIKO.
Lorsque plusieurs clubs se rassemblent pour travailler ensemble, c'est GODOGEIKO. Pendant les vacances, c'est GASHUKUGEIKO: dormir ensemble, manger ensemble. Nos
stages d'été par exemple.
Nabuyoshi TAMURA